Liam Neeson surprend dans « The Naked Gun » : une reconversion comique inattendue

Un acteur au parcours inclassable

À 73 ans, Liam Neeson n’a pas encore fini de surprendre. Après avoir incarné des héros romantiques, des figures historiques et des justiciers impitoyables, l’acteur irlandais s’attaque aujourd’hui à un tout nouveau registre : la comédie burlesque. Il est à l’affiche de la nouvelle version de « The Naked Gun », une relecture contemporaine de la saga parodique culte des années 1980 et 1990. Ce tournant marque à la fois un retour sous les projecteurs et une audacieuse tentative de renouveler son image.

Neeson aime citer une phrase d’Anthony Hopkins : « Je vais très bien. On ne m’a pas encore démasqué. » Une réflexion qui semble lui convenir parfaitement. Considéré à ses débuts comme le successeur naturel de Sean Connery, Neeson a su bâtir une filmographie éclectique de plus de 100 films. Oscillant entre drames oscarisables comme La Liste de Schindler ou Michael Collins, blockbusters comme Star Wars, épisode I et Batman Begins, ou encore comédies romantiques et films d’animation (Love Actually, La Grande Aventure Lego), il s’est imposé comme un caméléon d’Hollywood. Mais c’est la saga Taken, où il incarne un père aux compétences redoutables prêt à tout pour sauver sa fille, qui a véritablement redéfini son image auprès d’une nouvelle génération.

Une parodie culte remise au goût du jour

C’est dans les studios de Paramount à Times Square, un après-midi étouffant de juillet, que Neeson évoque son nouveau projet. Il campe cette fois Frank Drebin Jr., fils du mythique inspecteur gaffeur incarné autrefois par Leslie Nielsen. Aux côtés de Pamela Anderson et Paul Walter Hauser, il tente de raviver l’esprit loufoque et absurde de la trilogie originale dans cette suite simplement intitulée « The Naked Gun ».

Seth MacFarlane, producteur du film, ne tarit pas d’éloges sur son acteur principal : « Liam est probablement le seul acteur encore en vie capable d’endosser le rôle de Frank Drebin au XXIe siècle. Il a cette gravité que l’on retrouvait chez Leslie Nielsen, Gregory Peck ou Robert Mitchum. Ce sont des comédiens qui pouvaient dire les choses les plus absurdes avec un tel sérieux qu’on en riait aux éclats. Ce type d’acteur n’existe plus aujourd’hui à Hollywood. »

Un retour attendu, mais risqué

Ce film constitue sans doute la tentative la plus marquante de Neeson pour retrouver le grand public depuis la fin de Taken il y a plus de dix ans. Depuis, il s’était plutôt illustré dans des thrillers d’action mineurs, passés inaperçus, et avait suscité la polémique en 2019 après des déclarations controversées sur des pensées de vengeance raciale dans sa jeunesse. Autant dire que cette nouvelle comédie représente un virage à la fois stratégique et audacieux.

Critique : un héritier légitime mais un film inégal

Depuis le lancement du premier Naked Gun en 1988, bien des choses ont changé. Ronald Reagan n’est plus président, le terme « GOAT » (meilleur de tous les temps) est désormais un compliment, et O.J. Simpson, autrefois personnage secondaire adoré de la saga, est tombé en disgrâce. Le film original et sa suite The Naked Gun 2½ restent parmi les comédies les plus hilarantes de leur époque. Le nouvel opus tente de s’en montrer digne, avec Neeson dans le rôle de l’inspecteur Drebin Jr. Quant à son père, Frank Drebin Sr., il est ici réincarné… en hibou.

Si ce nouvel épisode n’atteint pas l’excellence des deux premiers volets, il se rapproche du troisième, Naked Gun 33⅓ : bancal par moments, mais ponctué de moments de pur génie comique. Dans un contexte où les vraies comédies sont devenues rares au cinéma, ce film constitue une bouffée d’air frais bienvenue. Une scène délirante avec un bonhomme de neige suffit à lui conférer un statut honorable dans la franchise, avec un niveau d’absurdité « inspiré » qui fait mouche.